les neuf cités du royaume
1. l'Opale
La cité Culturelle
dominée par le modèse Odin : le potentiel vierge
L'Opale est une cité d'imagination et d'inspiration artistique où naissent les idées et grandissent les rêves. Très éloignée de l'astre double, elle est massive et glaciale. Son unique lune, Niël, dont la rotondité n'apparaît jamais pleinement, brille d'un léger mauve en saison cavalière. En saison pugilistique, le ciel s'épaissit tellement que la lune s'efface. De vastes lacs gelés aux nuances nacrées, des amas forêts de cônes congelés, d'imposantes montagnes immaculées, ceinturent la capitale Odiôme érigée en hautes tours ciselées dans la glace. Les édifices les plus modernes dévoilent une structure métallique par transparence, permettant de soutenir d'impressionnantes architectures à voûtes et arc-boutants sillonnés de rails enchevêtrés. Décorant les hauteurs, les wagon-bulles par lesquels se déplacent les citoyens serpentent entre les flèches de ces superbes structures. Leurs cristaux d'alimentation parsèment de touches de couleurs le ciel rosé par les rayons de Pollux, demeurant le plus proche soleil. La rotation de la cité sur elle-même s'opère en vingt-sept heures, et la nuit est plus longue en saison cavalière.
Modé Odin est un être serein qui aime méditer pour plonger dans son imaginaire, et dont le pouvoir visionnaire permet d'ouvrir les portes de l'inconscient. Son attribut est un trident, qui l'aide à casser la glace si nécessaire et avec lequel il perçoit ses visions. Vêtu d'une longue toge bleu marine aux reflets irisés, il se déplace avec langueur, affichant une expression d'inaltérable quiétude. Sa coiffe se compose de coquillages, de bulbes et perles nacrées qui rappellent les coraux océaniques. Son visage, tout en rondeur, lustré comme le quartz rose, dégage de fascinants reflets émeraude assortis à ses yeux bleus. Il vit au sein d'une verrière suspendue qui semble flotter dans le ciel de la capitale, et dont les arches envolutées dominent en prouesse les plus hautes tours. Malgré cette apparente manifestation de supériorité, Odin reste ouvert à ses citoyens, les Opaliens, en leur octroyant un jour de visite par lunaison (celle-ci se renouvelant tous les trente-six jours).
Symbolique : l'Opale dégage la pureté innocente d'un monde naissant. Prisonnière de la glace, elle est cependant pleine de ressources et a su se pérenniser là où toute vie semblait impossible. Les Opaliens sont des êtres rêveurs, ouverts à l'inconnu et prêts à la découverte. À l'image du chiffre 1, la cité représente l'élan vital et créatif, l'idée toute neuve et candide qui s'illumine dans un esprit et attend d'être exploitée.
2. Ock
La cité Curieuse
dominée par le modèse Ockto : les échanges accumulés
Ock est une cité d'apprentissage et de recherche où viennent étudier les citoyens du royaume tout en partageant leurs propres connaissances. De petite taille, elle ne possède aucun satellite et son climat est modéré. Ses gisements de terre rouge sont exploités pour fabriquer les fines briques qui composent les écoles et universités tapissant son sol humide. Les bâtiments sont bas mais surélevés pour pallier les inondations. Les façades et les toits plats se recouvrent de végétation s'ils ne sont pas entretenus. Les canaux font office de rues et l'on se déplace à bord d'étonnantes embarcations plates, semblables à des radeaux avec des toits, pouvant contenir de une à vingt personnes debout, selon leur superficie (les locaux possèdent leur propre radeau individuel et les plus grands sont généralement des transports en commun). Parfois enjolivées de verdure, ces embarcations sont pareillement fabriquées à base de terre rougeâtre et avancent à l'aide de perches piquées sur les rives. Un jour dure vingt heures et peut inclure douze heures de nuit en saison pugilistique.
Modé Ockto est un être avenant qui aime discourir avec ses citoyens, et dont le pouvoir télépathique permet de s'abreuver de toutes les connaissances. Son attribut est une perche pointue surmontée d'une azurite malachite, pierre marbrée de vert et bleu, sur laquelle il peut se concentrer pour entrer en communication mentale tout en piquant les bords des fleuves sur lesquels il se déplace continuellement. Très proche de ses citoyens, les Ocktans, il va et vient au sein des édifices scolaires et aime se tenir au courant de tout ce qu'il se passe sur sa cité. Il ne demeure que très rarement dans sa maison identique à toutes les autres, qui se retrouve par conséquent étouffée sous les algues grimpantes. Sa peau est d'une teinte légèrement pigmentée du vert des micro-algues présentes dans l'air humide. Ses yeux grands ouverts invitent à la confidence. Sa coiffe s'ornemente de bijoux et fucus retenu par des pinces rouges. Sa toge qui traîne par terre disparaît sous les amas d'algues grimpantes.
Symbolique : Ock est une terre d'accueil et d'ouverture au monde. Les connaissances accumulées dans les vastes bibliothèques de ses nombreuses institutions lui octroient intelligence et culture. L'écoulement perpétuel de ses fleuves et canaux est une métaphore du flux de l'apprentissage, de l'échange, de la communication entre les êtres. Les Ocktans sont curieux et ne se lassent pas de dialoguer avec les citoyens de tous horizons qui viennent étudier à leurs côtés. À l'image du chiffre 2, la cité représente l'accumulation de connaissances, le dialogue qui s'engrange après la naissance d'une idée.
3. Udès
La cité Artisanale
dominée par le modèse Téliamak : l'éclosion créative
Udès est une cité de foisonnement éclectique où les artisans laissent exploser leur créativité. Kalarth, son unique lune, dégage une lueur orangée parcourue de stries d'argent qui doivent leur présence aux hautes crêtes de son sol plissé. La légende raconte que cette lune accueillait la vie, des milliards de nœuds auparavant. Sa splendeur dans le ciel udessois favorise un climat serein sur la cité sillonnée de montagnes, vallées, rivières et forêts. La nature exulte et c'est ici que l'on trouve les meilleurs fruits et légumes du royaume. Chalets et fermes sont les types d'habitations les plus courantes, chacune révélant des couleurs et ornementations plus fascinantes les unes que les autres. Les villages d'artisans regroupés attirent les visiteurs et permettent de découvrir les techniques de fabrication des objets du quotidien comme de celle de rares pièces artistiques. Il fait bon vivre sur cette cité, bien que les épidémies en saison cavalière soient plus dévastatrices que partout ailleurs. La durée moyenne du jour est de vingt-et-une heures, sauf au moment de l'aquëlis, où, pendant quelques jours aléatoires (de deux à treize, le record enregistré) la rotation de la cité sur elle-même ralentit pratiquement de moitié, favorisant une durée de jour de quarante-deux heures. Cette période est l'occasion de grandes fêtes et de célébrations qui attirent des millions de citoyens du royaume tout entier.
Modé Téliamak, le plus jeune de la famille des modèses, est un être sensible et généreux qui a malheureusement déserté le royaume pendant les Fourberies (les guerres et complots montés par les modèses eux-mêmes et contre eux-mêmes, alors qu'ils convoitaient le Sceptre et son pouvoir illimité). Le Serment de Bonne Entente des Modèses a mis fin à cette période de grandes batailles, mais Téliamak n'est jamais réapparu. D'aucuns supposent qu'il s'est retranché dans ses montagnes, d'autres racontent qu'il a mis fin à ses jours (les rumeurs à ce propos vont bon train, et notamment la façon dont il s'y serait pris, considérant son statut d'immortelle divinité). La cité n'en demeure pas moins la plus paisible de toutes, et à cette conclusion, tous supputent que Téliamak continue de tenir fermement les rennes, d'où qu'il soit.
Symbolique : Udès respire la vie et l'abondance. La facilité avec laquelle pousse n'importe quel arbre, buisson, plante, fruit, légume ou fleur, est synonyme de générosité. Les Udessois sont des êtres bons qui donnent sans compter. Ils aiment partager leur savoir, offrir leur temps aux jeunes générations qui prendront le relais. À l'image du chiffre 3, la cité représente l'éclosion, l'explosion créative qui survient après l'accumulation des connaissances et les échanges ayant apporté de nouvelles idées.
4. Loubnéa
La cité Exquise
dominée par la modèse Dorēleï : la stabilité paisible
Loubnéa est une cité de guérison qui offre la paix et la sécurité. Terre de pouvoir féminin, elle s'est battue pour s'imposer et porte encore les traces de ses blessures (certaines aires demeurent calcinées du feu de Marsignac, le modèse guerrier qui a plusieurs fois tenté d'en prendre possession). Les nuits sont protégées par la plus grosse lune du système jumisolaire, Douégaw, dont la lumière lactescente repousse les plus sombres noirceurs. Les plages idylliques frangées de palmiers, les mers aux couleurs des coraux qui se reflètent à la surface, les cabanons flottants sur leur bouée très loin des rivages, ou encore les fruits exotiques, font le bonheur des citoyens qui cherchent l'évasion et la relaxation. L'on adore venir se dorer sous les soleils dont la distance offre un parfait climat. Cette cité est celle que l'on respecte le plus car elle est dominée par l'unique divinité féminine qui a su montrer son incontestable supériorité face à ses huit frères et leurs Fourberies (période de guerres et de complots durant la course au Sceptre - l'artefact magique qui joue la Lyre Sacrée pour réaliser les souhaits les plus chers). L'apparente platitude des paysages et la sérénité qui se dégage à perte de vue n'est qu'une pellicule lustrée qui cache, dans ses profondeurs, des créatures que personne n'ose imaginer. Beaucoup pensent que toutes sont commandées par la suprême Dorēleï, et que c'est grâce à elles que personne n'a jamais pu envahir les terres. Les jours s'étalent sur trente-trois heures dont une dizaine de pénombre.
Madée Dorēleï est la divinité la plus puissante de toute – en dépit de ce qu'en pensent les huit autres modèses. Elle est cependant modeste et règne avec un profond respect pour ses citoyens, au service desquels elle met son pouvoir de guérison. Sa peau d'un noir bleuté est parée d'irisations. Elle porte une toge métallique qui s'accorde au doré de sa lourde tresse retenue sur son épaule. Ses yeux sont d'un roux brillant qui révèle force et douceur mêlée.
Symbolique : Paradoxalement à son apparence tendre et délicate, Loubnéa dégage un charisme sans nulle pareille. Elle est emplie d'amour et possède une force inégalable, incontestable. C'est pourquoi l'on s'y sent en sécurité. Les Loubnéens sont simples et aimants mais savent se faire respecter. La violence n'a pas de place ici et pourtant, il y règne une sensation de pouvoir puissant, que l'on ose défier. À l'image du chiffre 4, la cité représente le trône sur lequel l'on peut sereinement s'asseoir et affirmer sa légitimité.
5. Och
La cité Maligne
dominée par le modèse Hadach : les défis d'évolution
Och est une cité bien étrange qui effraie la plupart du temps, et où l'on peut tomber dans la déchéance. Jumelle d'Ock par ses propriétés physiques (même taille, composition et trajet orbital), elle ne possède pas non plus de lune et se révèle très humide. Les rues boueuses sont ceinturées de terrains marécageux sur lesquels sont édifiées des bâtisses d'os et de glaise. Le caractère mortuaire de l'environnement est accentué par l'absence de cristaux d'éclairage, par le silence écrasant et les nombreux voleurs cachés dans les sombres recoins. Bien souvent, les citoyens ne supportant pas le rythme difficile des hautes études sur Ock, ayant échoué aux examens ou se retrouvant avec des problèmes financiers liés aux coûts des universités, se retrouvent ici, sur Och, avec une perte de confiance en soi, une colère qui les pousse à violenter d'autres citoyens, ou une tristesse accablante qui les laisse démunis au point de mendier dans les rues. Là où Ock fédère et rassemble, Och rejette et disperse. Et cependant, cette cité apparaît comme un passage obligé pour l'entrée dans l'âge adulte, confrontant aux plus terrifiants défis. C'est une façon de mesurer sa force, d'affronter la dure vie afin de prétendre à une évolution. Des retraites y sont organisées pour les personnes en manque de motivation, car elle permet de se surpasser.
Modé Hadach est le plus craint de tous les modèses car son pouvoir de transmutation ressuscite les morts. Il parle aux fantômes et joue avec les ombres. Son allure est loin d'être avenante : sa toge grise s'accorde à la sobriété de son turban dont un pan se déroule dans son dos, ses traits secs et tirés n'affichent pas le moindre sourire. Toutefois, si l'on passe outre la peur, l'on se rend compte que Hadach ouvre les portes d'un autre monde et dévoile de nouvelles connaissances qui aident à évoluer. Il n'est toutefois pas très proche de ses citoyens, qu'il laisse libres et indépendants. Cette attitude peut apparaître comme un respect de leur vie privée ou une confiance en leur capacité à se débrouiller seuls. Pour certains, ce manque d'attachement s'avère problématique, et c'est pourtant le seul moyen d'affronter sa propre vérité intérieure.
Symbolique : L'on ne peut pas dire qu'Och est en apparence un territoire d'opportunité qui favorise le développement. Elle est au contraire une terre de défi où se battre est vital. Et cependant, elle stimule bel et bien l'évolution personnelle car elle confronte aux peurs et permet ainsi de s'en débarrasser. Le chiffre 5 évoque le changement, l'exploration, l'évolution. Rappelons que dans les arcanes majeurs, le 5 est associé au Bienveillant, un être bon qui guide et accompagne sur le chemin intérieur. Les Ochuans peuvent se montrer féroces mais invitent néanmoins à la compassion, au pardon, à l'empathie.
6. Zebda
La cité Luxueuse
dominée par le modèse Ezra : la beauté dévoilée
Zebda est une cité qui fascine par sa splendeur excessive. Peu de citoyens possèdent les moyens d'y vivre. Ses bâtisses sont de véritables œuvres d'art débordant d'originalité. Les architectures défient les lois de la physique. Recouvertes de cristaux, les façades aux formes bulbeuses attisent le regard. Les cours et jardins, immenses et fastueux, exposent quantités de sculptures étranges et féeriques. Bassins, parcs et boutiques de luxe habillent les rues au sein desquelles l'on se déplace à carrosse. Ces derniers, fonctionnant au cristal (car peu d'animaux résident sur cette cité), font la réputation de Zebda. Le rassemblement des plus beaux carrosses est l'événement à ne pas rater pour tout bon Zebdad qui se respecte. De nombreux touristes cassent leur tirelire pour venir admirer, au moins une fois dans leur vie, cette somptueuse parade organisée au moment où les plus belles lumières apparaissent dans le ciel ; c'est-à-dire à la fin de la saison pugilistique, alors que Pollux, le soleil rouge, commence à voir apparaître Castor, son frère bleu dans le ciel, mais juste avant que ne tombent les premières larmes de l'aqüelis. Il fait encore frais à cette époque, les quelques orages de la saison froide sont passés en laissant des traînées d'or dans les nuages. La lune Tizéon ajoute à la magie en nuançant les cieux de sa robe verte.
Modé Ezra est quelqu'un d'orgueilleux qui hypnotise par son charisme charmeur. Tout vêtu d'or, il rayonne jusqu'au bout des doigts, où pléthore de bagues tintent et scintillent à chaque geste. À la fois hautain et délicieux, Ezra parvient à ensorceler même les plus réticents. Son pouvoir est dangereux et cependant, il ne l'a jamais utilisé autrement que pour son plaisir personnel – ce qui lui vaut de nombreuses moqueries de la part de Hadach, lequel expose ouvertement son aversion pour ce frère noyé dans la futilité des choses matérielles. Inversement, Ezra considère Hadach comme un être sans cœur, aveugle à toute beauté et qui ne s'intéresse qu'à la mort. Ezra protège jalousement ses biens en scrutant méticuleusement les faits et gestes de ses citoyens. Les richesses sont pour une grande part reversées au modèse, qui gère de manière pointilleuse l'entretien des espaces publiques et des habitations.
Symbolique : La peur dépassée avec le 5, l'on assiste au déploiement de la beauté, la renaissance après la transmutation. Comme l'or, l'esprit brille après avoir été lustré, débarrassé de son étouffante poussière. Les Zebdads reconnaissent leurs atouts et savent en jouer. Ils mettent leurs compétences au service d'une beauté supérieure. Ils ont ouvert les yeux sur ce que pouvait être la vie et explorent ses possibilités de réalisation.
7. Val-Étany
La cité Nébuleuse
dominée par le modèse Laël : les illusions concrétisées
Val-Étany ressemble à une terre imaginée par des enfants rêveurs. Ses prés sont mauves et bleus, ses arbres roses et jaunes, ses animaux aussi attendrissants que singuliers. Beaucoup croient que cette cité était l'ancien royaume des fées, tant tout y est extraordinairement magique. La nature est comme peinte par des arcs-en-ciel. Les couleurs sont dans la végétation comme dans les pierres. Partout la lumière rappelle la beauté de la terre. Les deux lunes, Abutinel (petite orange) et Lorédon (gros bonbon rose) sont l'ultime manifestation d'enchantement. Ici, il fait bon vivre et l'on est en harmonie avec toute chose. Très éclectique, cette cité accueille des citoyens du royaume tout entier. Elle est aussi la seule où les créatures faēriennes (provenant du véritable royaume des fées, qui ne se limite pas à ces dernières) se sentent en sécurité, et même appréciées pour leur différence. L'amour et le partage sont les mots d'ordre ; l'acceptation et l'indulgence, un hymne fédérateur. C'est un lieu de paix où les êtres de tous horizons s'entendent et se découvrent. Pour beaucoup, Val-Étany est le havre où l'on vient finir ses beaux jours.
Modé Laël est un grand amoureux de la nature. Proche d'Ezra, le modèse luxueux, il profite des belles choses de la vie et aime s'enivrer de bourgeons psychédéliques. Son pouvoir d'illusion permet de voir une autre dimension du monde, celle de la lumière et des vibrations. Mousse, feuilles de vigne et lianes enrobent son menu corps longiligne dont les bras et les doigts extensibles aiment à farfouiller les boutons de fleurs. Sa coiffe s'élève en une chaotique harmonie de branchages, lui offrant l'allure d'un buisson au regard limpide. Laël prône l'amusement en offrant à ses citoyens de grands banquets et festins, où chacun se laisse aller à l'instant présent.
Symbolique : À l'image du chiffre 7, Val-Étany est une terre qui porte chance et reflète le bonheur. Elle offre l'allégresse et tout y semble facile. Ses citoyens, les Val-Étanyiens, se laissent bercer par la simplicité des choses, admirent le paysage et vivent des dons de la nature sans se soucier des lendemains. Chaque jour est une fête. Il ne faut cependant pas oublier que le modèse de cette cité est maître de l'illusion et que tout plaisir peu basculer...
8. Izian
La cité Ingénieuse
dominée par le modèse Yün : le progrès perfectionné
Izian est la cité futuriste par excellence. Les droïdes sont plus nombreux que les citoyens et facilitent toutes sortes de tâches quotidiennes. Les cristaux d'alimentations clignotent à tous les coins de rues, éclairant ou alimentant les écrans holocristiques qui apparaissent à hauteur d'yeux de manière programmée, afin de présenter une publicité ou un divertissement. Les couleurs fluorescentes brillent même durant les plus longues nuits de la saison cavalière, où la chaleur incite à passer ces nuits dehors, à danser sur les pistes à ciel ouvert, à jouer aux machines à cristaux, à se restaurer aux distributeurs automatiques ou via les droïdes ambulants qui crient les dernières recettes à la mode. C'est une cité bruyante et excessive où l'on vient découvrir les plus fascinantes avancées technologiques. Izian est là où se rendent les ingénieurs après avoir terminé leur cycle dans les grandes écoles d'Ock, la Curieuse. La perfection est recherchée dans chaque construction.
Modé Yün est le plus grand ingénieur du royaume. Sa salopette holocristique fait apparaître différents motifs illustrant son émotion du moment. Sa coiffe est un casque métallique d'où s'étirent antennes et bras mécaniques. Sa peau grisée témoigne d'un manque d'exposition aux soleils. Il passe la moitié de son temps au laboratoire de recherche ou dans ses ateliers techniques. Son armée de serviteurs droïdiens est complétée par plusieurs citoyens, expérimentés ou non, auxquels il offre la possibilité de s'améliorer. Ce modèse adore aussi enseigner, et en a d'ailleurs fait un second métier. Il se rend à chaque aube sur Ock pour faire classe aux étudiants.
Symbolique : Izian, représentée par le chiffre 8, est symbole de perfection et d'écoulement infini. Les citoyens Izanais, tout comme leur modèse, sont en constance recherche d'évolution. Comme les montagnes-russes esquissées par le 8, il y a des hauts et des bas ; c'est le cycle naturel de toute chose. Les échecs permettent de rebondir et de s'élever vers de meilleurs résultats. Les Izanais sont persévérants, confiants et déterminés à faire aboutir leur projet.
9. l'Ardente
La cité Guerrière
dominée par le modèse Marsignac : la fin accomplie
L'Ardente est la plus chaude de toutes les cités, et la seule à n'orbiter uniquement autour de Castor, l'astre chaud. Ses déserts de sable bleu sont vastes et plats. Seulement quelques petites mers ont permis aux plus courageux des citoyens à demeurer autour, bâtissant des maisons de sable cuit suffisamment loin des rivages, où les vagues viennent se fracasser à chaque Kaverta (le jour trilunaire qui voit la réunion des trois lunes Kapline, Vertumas et Taligrès dans le ciel). Ce phénomène se produit tous les cinquante-deux jours et n'a pas empêché le vaste marché (le plus grand du royaume) de perdurer au port de Yoral. C'est le seul moment où les touristes se donnent la peine de se déplacer jusqu'à cette impitoyable cité brûlante.
Modé Marsignac est un être implacable qui cherche les guerres et trouve son bonheur dans la destruction. Il a cependant trouvé un moyen de faire fructifier sa cité grâce à l'aménagement du vaste marché, qui offre aux citoyens les plus sensibles la possibilité d'emprunter pour leur visite une rudinelle (habit local dans un tissu résistant à la chaleur, qui recouvre le corps tout entier). Cette générosité – que Marsignac rechignait premièrement à accepter – est sa seule marque d'empathie. Il se retient parfois, quand il s'ennuie, de mettre le feu à la foule de badauds qui se presse dans les rues ensablées. Tout en muscles, son corps massif à la peau brune se craquelle de sillons rouges. Des anneaux cercles ses biceps qui paraissent sur le point d'éclater. Son plastron de cuivre lustré se marie à sa courte jupe de cuir qui dévoile des cuisses comme des tonneaux. Ses sandales sont lacées jusqu'au genou et sa coiffe en fait sa fierté, haute et rutilante comme le sang qui coule, constituée d'un assemblage de plumes frôlant le plafond.
Symbolique : l'Ardente est comme le feu qui consume et détruit. Comme le 9, elle est une fin, un accomplissement. Les Ardentis ont fort caractère et combattent les derniers espoirs d'existence. Ils ne connaissent ni peur ni angoisse, et acceptent leur sort avec bravoure.